Qu’est-ce-que la pensée historienne?
Mokhtar AYACHI
La tâche
pédagogique de l’historien va bien au-delà des dates et faits historiques principaux
à apprendre par cœur : l’histoire est en effet une redoutable discipline
qui nécessite un esprit critique aiguisé pour analyser les documents disparates
du passé et pour replacer tous les faits dans une perspective dynamique. Son
principe premier est le doute méthodique conduisant à la pensée
historienne.
* Pensée historienne ou pensée
historique?
Alors
que la pensée historique relève de l’historiographie, l’Ecole historique britannique est la première à
s’être intéressée à la pensée historienne (Moreau, 2012). Le projet
History 13-16 initié en 1972 avait pour principales orientations que l’histoire
devait être enseignée comme une forme de savoir ayant ses particularités; comme
une matière nécessitant l’exercice de la logique et du raisonnement permettant
de favoriser le développement de compétences historiennes, plutôt que
d’inculquer de simples connaissances désincarnées.
Au Québec, Martineau (1999), pour sa part, a
identifié trois composantes de la
pensée historienne à savoir : l’attitude historienne, la méthode
historique et le langage de l’histoire. La
pensée historienne, selon lui, est une posture épistémologique qui
ne fait qu’une avec la procédure qu’est la méthode historique, constituée
de la capacité à :
- poser des problèmes,
- émettre des hypothèses,
- cueillir des données,
- les traiter dans une perspective
propre à l’histoire et dans le but de résoudre les problèmes déjà posés au
départ.
Traiter
de la pensée historienne et de ses opérations (issues aussi des
autres sciences sociales) c’est dresser un portrait des
différents modèles conceptuels la concernant. Pour
créer leurs récits (et guider les apprenants dans la démarche de
l’enseignement/apprentissage en vue de l’acquisition dynamique de la pensée
historienne), les enseignants d’histoire appuient leur analyse des textes
historiques sur six concepts (distincts mais étroitement reliés)
relatifs aux opérations de mise en œuvre de cette pensée, que Seixas a ainsi
identifié:
- l’établissement de la pertinence historique du
document,
- l’analyse critique des
sources,
- la démonstration de la continuité et du changement
des facteurs temps/actions/espace (mouvements de la courbe à
l’échelle du diagramme),
-
l’analyse des causes et des conséquences des événements historiques,
-
la perspective historique (contextualisation),
-
comprendre la dimension éthique des interprétations historiques (valeurs
citoyennes et universelles)
* Le concept de Mode de pensée
historique
Le mode de pensée historique (touchant aux
Identités, Mémoires et Conscience historique) signifie la distinction
critique entre Histoire et Mémoire, entre Roman historique
et science historique, l’assimilation des fonctions de l’histoire
(Identités, Altérité et les savoirs et valeurs universelles), la sensibilité
historique, concernant la dialectique des trois temporalités : présent
(où vit l’historien)/passé/futur) en vue de l’élaboration du projet historique.
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