samedi 17 mars 2018


L’ingénierie du système éducatif tunisien :
Quel diagnostic pour quelle école ? [1]



Introduction

            Les forums du genre de celui que nous organisons aujourd’hui se sont multipliés ces dernières années, marquées par l’instabilité politique en Tunisie où le département de l’Education a connu la succession de pas moins de sept ministres, en l’espace de six années et demie. Des rencontres et autres réunions d’experts de choses scolaires débattent souvent de « réformes du système éducatif ». Le dernier forum, en date, sur le thème « changer d’école, changer de société ou comment réinventer l’école de la République ? » est celui organisé le 24 février[2] dernier par trois partenaires : le Forum de l’Académie politique, le Cercle de réflexion « Khair-Eddine » et la Fondation Konrad Adenauer.

            On accourt au chevet d’une « école en détresse », une école qui était la fierté de la République de l’Indépendance ; une école qui a jeté les jalons du projet de société de la Tunisie moderne, forgé  des décennies durant dans le terreau du mouvement réformiste, puis du mouvement de libération nationale.

            Mon intention ici n’est pas de répéter ce qui a été fait et dit, mais plutôt d’essayer de poser de vraies questions au sujet du devenir de l’école publique. Il ne s’agit pas non plus de proposer des solutions toutes prêtes ou des recommandations qui peuvent être laissées... aux prédicateurs spécialistes des prêches.
           
Pour ce faire, mon propos privilégie ici trois axes, à savoir :
1 – les carences du système éducatif : synopsis historique
2 – l’école tunisienne au miroir des évaluations internationales : quel gâchis de l’effort    national ?
3 – de légitimes interrogations, en quête de réponses.

Comme toute thérapie nécessite au préalable un diagnostic, faut-il donc dresser rapidement un état des lieux de la situation où a été entrainé le système éducatif national, fleuron de la Tunisie indépendante ?

I – Synopsis historique des carences du système éducatif national

En effet, l’âge d’or de ce système, créé par la loi du 4 novembre 1958, se situait au cours de sa première décennie de l’édification nationale, sous les auspices du ministre et syndicaliste Mahmoud Messaâdi. Le plan décennal de développement économique et social de 1959/1969 qui concernait également l’éducation nationale, couronnait ce projet de société où « l’école providence », vraie croyance populaire, jouait pleinement son rôle d’ascenseur social, générateur de mutations[3].

Avec la décennie Nouira/Mohamed Mzali des années 70 et la crise de l’université, ce qui est convenu d’appeler la « descente aux enfers » a bien commencé. L’institution de l’éducation a végété durant près de 33 ans, le temps d’une génération entière, hors du cadre de textes législatifs fondateurs. Il faut attendre le deuxième texte de 1991, avec le ministère Mohamed Charfi. Entre temps, ce n’étaient que des circulaires administratives qui  régissaient le fonctionnement du système d'enseignement, hors de tout projet national éducatif.

Au cours de cette période où le système éducatif est demeuré figé, hors du cadre temporel, l’on imagine aisément l’ampleur de la tâche qui a incombé aux équipes de Mohamed Charfi, au niveau des contenus dispensés notamment et des méthodes d’enseignement. La décennie suivante est caractérisée par les discours d’ « autosatisfaction » du régime politique, en censurant les résultats de l’école tunisienne aux évaluations internationales. A une question d’un conseiller du ministre sur la possibilité de publication de ces résultats (TIMS et PISA), le ministre de l’éducation à l’époque (2005/2007) a rétorqué « mais vous êtes fous, n’oubliez pas que je suis sur un siège éjectable ! »

Après 2011, la situation du système éducatif n’a fait qu’empirer avec la valse de ministres de l’éducation, constamment sous tension. Le dernier en date, Hatem Ben Salem, déclarait dans une interview télévisée, le 4 mars 2018, à la chaine nationale[4], entre autre, que «(…) le ministère face à la gestion quotidienne des problèmes matériels de toute sorte, au corporatisme à outrance des mouvements sociaux, à la multiplication de la délinquance dans le milieu scolaire (16.000 cas de violence recensés en 2017 (à raison d’une moyenne de 2.000 par mois) ne peut se concentrer facilement sur les dossiers pédagogiques de la réforme éducative »… L’accumulation des retards est ainsi manifeste à tous les niveaux.

II – l’école tunisienne au miroir des évaluations internationales : quel gâchis de l’effort  national ?

Alors que d’importantes parts de budgets dévolus au secteur de l’éducation vont aux avantages salariaux (97%), au lieu de profiter aux écoliers et à l’infrastructure scolaire (3%) et que des promotions des personnels enseignants, sans concours, sont destinées à doper les salaires et autres avantages matériels, les résultats, au niveau de l’éducation nationale, ne peuvent être qu’affligeants.

La dualité « corporatisme/butin » la dispute souvent à toute logique du service public et des valeurs citoyennes. Le corps enseignant affiche, pour sa part, un taux d’absentéisme aussi élevé que celui des élèves. Et le fait d’obtenir des diplômes ne signifie plus, désormais, un apprentissage en conséquence.

Sans répéter ici les travaux de Chédia Mhirsi[5], ancienne directrice de l’Evaluation et l’Innovation Pédagogique au CNIPRE, sur les résultats des évaluations internationales TIMMS et PISA et sans reproduire également ceux de Farouk Ben Ammar[6], ancien conseiller au Cabinet du Ministère de l’Education nationale, sur le diagnostic du système éducatif en 2015, je citerais ici quelques indicateurs fournis par ces deux experts. En effet, outre l’avantage de l’égalité des sexes devant l’éducation ainsi que l’égalité sociale, la Tunisie figure, d’après les publications de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique) en décembre 2016, parmi les cinq derniers des 70 pays enquêtés au Programme International pour le Suivi des Acquisitions (PISA) testant les performances des systèmes scolaires du monde entier en lecture, mathématiques et sciences.

Par ailleurs, Farouk Ben Ammar énumère, dans une étude publiée sur le web [7], en date du 4 février 2015, nombre de projets « innovants » initiés au cours des dernières décennies, mais jamais achevés. L’ampleur du gâchis est telle que l’on se demande si la « descente aux enfers » n’a pas été bien préméditée depuis quelques décennies. En effet, parmi les projets abandonnés avant terme, l’on peut retenir, à titre indicatif :
-    L’Approche par Compétence,
-  L’utilisation de TICE pour l’enseignement et l’apprentissage (laboratoires d’informatique qui ne fonctionnent pas depuis longtemps, faute d’entretien…),
Les tableaux interactifs, acquis entre 2.000 et 4.000 dinars l’unité, puis utilisés comme tableaux ordinaires à feutre…,
-  Les CD-Rom interactifs, acquis avec des logiciels et autres bases de données par le ministère au moyen de coûts de plusieurs milliards (sous forme de marchés accordés aux proches du régime de l’époque…) mais que les élèves ne sont pas à même d’utiliser réellement, car la majorité d’entre eux ne disposent pas de PC,
- Les paraboles et bus-internet qui rouillent actuellement dans le parc du ministère, tout comme bon nombre de bus, faute d’entretien…et qui n’auront pas été amortis,
- Numérisation des cours avec acquisition du dispositif informatique… Ce sont autant d’investissements importants, fait dans des projets malheureusement avortés…

Par l’absence totale de suivi de projets onéreux pour le contribuable, par le manque d’innovation pédagogique, par la non ouverture réelle sur les didactiques des disciplines, par l’absence de mise à niveau des cursus scolaires et surtout de la formation des personnels enseignants, recrutés sans profil pédagogique et didactique (notamment ceux qu'on a injectés par la "grâce juridique") et allant, pour d'autres, jusqu’à la refuser[8] l’on a fait qu’accumuler les facteurs responsables de l’incompétence d’une frange importante du corps enseignant en place. Celui-ci est responsable directement du faible, voire médiocre rendement de l’institution éducative.

A ce propos, d’après le témoignage du ministre de l’éducation cité, en 2017, au concours des Collèges Pilotes (9ème), 14.000 élèves ont obtenu la note de zéro sur vingt (0/20) en mathématiques, ajoutés aux 12.000 zéros obtenus en langues étrangères à l’examen du Baccalauréat (7.000 en français et 5.000 en anglais), sans parler encore des scores obtenus au CAPES dans certaines spécialités, comme la langue et civilisation arabe, l'histoire et géographie et les sciences physiques où on est descendu, pour pourvoir les classes en enseignants, respectivement, jusqu'aux notes de : 05,44 /20,  05/20 et  04,73/20. Il faut relativiser, tout de même, pour le niveau général, car de meilleures notes sont obtenues par certains outsiders, entre 17 et 18/20, observées dans des filières comme l'anglais, les mathématiques ou le français, entre autre... 

III – De légitimes interrogations en quête de réponses

La massification de l’enseignement, entamée au début des années 1990 et résultant de la suppression de l’examen du 6ème, à partir de 1994, du 9ème, à partir de 1996 et introduisant les 25% du contrôle continu dans le calcul des notes au Baccalauréat, à partir de 1997, a entraîné une baisse systématique dans le niveau des élèves. La qualité de la formation s’est fait ressentir également au niveau de l’enseignement supérieur où le système du LMD, générant une sorte de passage automatique, n’a fait que gonfler les effectifs des étudiants du supérieur. Et l’on se targuait à l’époque, dans les discours des officiels, d’atteindre dans les courts délais, les chiffres des 500.000 étudiants.

Pour couronner le tout, la suppression du Doctorat d’Etat et son remplacement par le dossier du HDR, à partir de l’an 2000, n’a pas également amélioré le niveau académique des enseignants-chercheurs dont nombreux sont plus préoccupés d’avancements dans la carrière que d’innovation dans leurs cours. D’ailleurs, le caractère scolastique de ces cours, le plus souvent dictés et mémorisés dans un esprit dogmatique, ne fait que corroborer la faiblesse constatée du niveau de formation des futurs enseignants qui vont exercer dans les collèges et lycées…

La pédagogie ou l’andragogie et la didactique des disciplines, hors des départements spécialisés (à l’ISEFC, notamment, ou encore au département des Sciences de l’Education à la Faculté des Sciences Humaines & Sociales) sont considérées comme des « hérésies ». D’ailleurs, les enseignants universitaires sont évalués dans leurs carrières à partir de leurs recherches et non de la qualité de leurs cours, où nombreux ne s’investissent que rarement, en l’absence d’un service de contrôle et d’inspection.

Et comme les moyens ne garantissent pas toujours la fin, l’on constate que le financement de l’éducation en Tunisie, avec 6% du PIB, place le pays dans une position confortable entre la Finlande et ceux de l’OCDE[9]. L'on peut nous demander alors comment dans un pays classé 5ème dans le monde où les jeunes passent le plus de temps à l’école et en dehors d’elle à apprendre, arrive-t-on à des résultats aussi catastrophiques pour l’institution éducative ?

En fait, ce que nous constatons est l’illustration d’une scolarité de bourrage de crâne destinant à un hypothétique emploi, au lieu d’être celle d’une préparation à la vie d’une jeunesse plutôt désorientée, vulnérable devant les aléas de la culture de consommation avec ses médias et ses gadgets électroniques. Devant ce constat, le système éducatif a-t-il ainsi cessé d’être un facteur de développement ? Faut-il travailler, comme l’a souligné Hammadi Ben Jaballah au Forum cité de février dernier[10], sur une véritable renaissance de l’école et pas simplement sur une réforme et reconnaître que la crise de l’école est à la fois une crise de la famille, de la société et de l’Etat ?

Mais ceci peut-il se concevoir sans la réhabilitation de l’éducateur dans ses nobles fonctions sociales, car n’est-il pas le pivot du système éducatif tout entier ? Pour cela, faut-il d’abord concevoir une politique éducative claire, explicite, définissant le genre de l’école publique voulue par la société : une école comme moyen de promotion ou d’ascension socio-économique, de mobilité ou une école au service de la reproduction des inégalités sociales ?

En tout cas, un ministère d’Education nationale ne peut être considéré comme un dépotoir de pléthores d’agents pour résoudre le problème de l’emploi dans le pays. D’après des chiffres fournis par le ministre de l’éducation lui-même[11], il y a actuellement 220.000 agents pour 2.200.000 élèves, c’est-à-dire un agent pour 10 élèves. Pire encore, dans un collège à Thala, cette proportion est d’un agent pour 3 élèves seulement (190 agents pour 600 collégiens).

Parler de « réforme du système éducatif » dans un tel contexte, n’est-il pas devenu, malheureusement,  de l’usage de « stéréotypes politiques » plutôt inappropriés dans de telles rencontres scientifiques ?



[1] Ayachi Mokhtar, « Education & Citoyenneté : quelle politique dans le domaine de la formation », Journée d’études à l’ISEFC, 14-15 mars 2018.
[2] Cf La Presse du 26 février 2018
[3] Ayachi Mokhtar, Ecole & Société en Tunisie (1930-1958), Tunis, 2002, 450p.
[4] Reproduite le lendemain par le quotidien La Presse du 6 mars 2018, art. « En attendant la réforme du système éducatif ».
[5] Mhirsi-Belaïd Chadia, blog sur l’Education dans les pays du Sud, « l’école tunisienne apprend-elle encore à lire ? » (13 mars 2015), « Analyse diagnostique du système éducatif tunisien : les défis à relever » (janvier 2015), 27 p. « Sciences et technologies dans les réformes des systèmes éducatifs : quelles innovations pour demain ? », Tunis : Académie Beït El Hikma (7-21 octobre 2014), etc…
[6] Ben Ammar Farouk, Diagnostic du système éducatif, in  WWW.edupronet.com/tunisie-bref-diagnostic-système éducatif (consulté le 10 mars 2018)
[7] idem
[8] Allusion à la « grève de la faim » observée par les candidats admis en cycle de formation du Mastère Professionnel, réclamant salaire intégral (avant formation et avant réussite) avec réduction de leur stage à 9 mois... Cf. La Presse du 26 février 2018.
[9]  Ben Ammar Farouk, op. cit.
[10] Cf La Presse du 26 février 2018, op. cit.
[11] Cf La Presse du 6 mars 2018.

lundi 5 mars 2018

مرحبا بكم
تعتزم جمعيتنا تنظيم يوم دراسي حول "واقع تدريس مادة التاريخ بالمدرسة التونسية" بالاشتراك مع مدرسة الدكتورا بمعهد التربية والتكوين المستمر ومع المركز الدولي لتكوين المكونين(
CIFFIP, ancien CENAFFE) بقرطاج وذلك يوم الجمعة 23 مارس 2018 ابتداء من الساعة التاسعة صباحا. فمرحبا بكم ضيوفا ومشاركين. مختار العياشي رئيس الجمعية.


samedi 30 septembre 2017

Compte-rendu de soutenance de mémoire
 de Mastère de recherche en Didactique de l’histoire
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Sujet : L’enseignement de l’histoire & la conscience historique des collégiens en Tunisie

Candidat : Mabrouk Arfaoui
Directeur de recherche : Pr Mokhtar Ayachi
Lieu : Institut Sup. de l’Education & de la Formation Continue (Univ. Virtuelle de Tunis)
Date : 28 Septembre 2017
Mention : Très bien 

            Ce mémoire, traitant du rapport de l’enseignement de l’histoire avec la formation ou l’acquisition de la conscience historique par les élèves au niveau du collège (en Tunisie), comprend trois parties, en un volume de 175 p :

- la première est réservée à l’état des lieux de la question de l’enseignement-apprentissage de l’enseignement de l’histoire au collège et à son rapport relatif avec l’acquisition de la conscience historique chez les jeunes apprenants,

- la seconde est consacrée à la visite du savoir savant traitant de ce paradigme des finalités de l’enseignement-apprentissage au delà de la question de l’appropriation du savoir historique. L’état du savoir de référence devait servir de modèle pour guider la réflexion sur une thématique qui n’a pas fini d’intriguer les chercheurs en didactique de l’histoire.

- Enfin la troisième partie traite du cadre empirique de la recherche formé non seulement d’enquête menée auprès d’enseignants et d’élèves de deux régions différentes (intérieur du pays et une région côtière), mais aussi d’observations de classes menées par le candidat auprès de ses collègues.

            Une bibliographie (et notamment la wébographie) est bien fournie en travaux académiques récents. Une trentaine de divers tableaux ainsi qu’une dizaine de graphiques et autres schémas soutiennent l’analyse et argumentent la réflexion. Plusieurs documents officiels et autres relatifs aux enquêtes de terrain, viennent compléter le corpus de la présente recherche.

Quelle est tout d’abord la problématique avancée dans ce travail ?
Il s’agit ici de la question de la conscience historique impliquant deux partenaires du processus enseignement/apprentissage : l’enseignant et l’élève du collège. Quelle compétence à articuler les trois temps : passé, présent et futur au niveau de la gestion du savoir historique ? Y a-t-il une finalité explicite ou même implicite ?

Cette question cruciale a été d’ailleurs soulevée par l’inspecteur d’enseignement primaire Ahmed Sfar dès 1955 dans une réflexion publiée alors dans la revue « المربّي »  dont voici un extrait, à titre indicatif :
       ..."لا بدّ من إظهار ما في تعليم التّاريخ بالأساليب العتيقة من الأضرار والأخطار،  فهو معاكس للأهداف التّربويّة... فلنتساءل ماذا يتبقى بعد الانتهاء من الدراسة ممّا هو تاريخي بأتمّ معنى الكلمة، فهل نجد في حافظة التّلميذ فكرة جليّة حول الحوادث الماضيّة ؟ وهل تكوّن فيهم ... ما يمكن أن نسمّيه بالحاسّة التاريخيّة ؟

          إن التّاريخ التّقليدي قد نشأ وتكوّن من أنباء الجبابرة والرجال العظام، ومن سرد الحوادث المتتابعة والأخبار اليومية... أمّا الشعب، فهو لا يظهر في كلّ ذلك إلاّ من بعيد ... ومع ذلك، فان الشّعب وجد وعاش... وهو من أوّل الدنيا الحافظ للحضارة والمؤتمن عليها بل هو الذي أنشأ التمدّن... وهو الذي نمّى الحضارة وقوّاها... فهو مادة التاريخ الحقيقي... فكيف نرضى بتاريخ لا مادة فيه ولا روح ولا حياة ؟"
Cette pensée rappelle aussi celle de François Rabelais soulignant dans son œuvre Pantagruel, au 16ème siècle, que « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » !

            Le candidat nous livre ici une réflexion digne d’un grand intérêt, malgré le fait qu’il s’agit de son premier essai de recherche. La première phrase de l’introduction est très éloquente : »Pour que l’histoire réponde à ses fonctions épistémologiques, son enseignement ne devrait pas être exclusivement la transmission des connaissances et des informations historiques. Il doit être aussi éducatif, consolidant la conscience de l’identité, l’ouverture sur l’altérité en partageant les valeurs universelles communes.

            La conscience historique se présente comme une démarche intellectuelle nécessaire à l’assimilation de l’histoire et une compétence à savoir conjuguer les trois temps ; ce qui ne manque pas d’influer sur le comportement des élèves, en tant que futurs citoyens.

        C’est le rapport au temps et aux savoirs, du côté enseignants d’histoire au collège ainsi que le degré d’assimilation chez les élèves, que ce travail cible en avançant les justifications d’un tel choix de sujet. En effet, légitimant sa recherche à l’aide d’une bonne démarche méthodologique, le candidat met en relation les trois moments suivants :

Observation : à l’origine de ce travail, souligne-t-il, nous avons exprimé une inquiétude devant la faiblesse du niveau de la conscience historique chez les collégiens…
- Constatation : nous avons manifesté notre étonnement devant certains indices à l’effet que les habiletés liées à la conscience historique étaient peu maîtrisées par les élèves, contrairement aux finalités déclarées dans les textes officiels ;
- Déduction (ou aboutissement) : Mise en cause de la crédibilité même de l’enseignement de l’histoire »…

            Les considérations insistent sur l’importance de la conscience historique dans l’enseignement de l’histoire, telle que définie par les textes de la réforme de 2002 ainsi que par les programmes d’histoire publiés en 2006. Les programmes officiels sont très explicites en spécifiant dans leur premier paragraphe que « la discipline de l’histoire contribue à la formation des apprenants en leur enseignant le passé, pour comprendre le présent et prévoir l’avenir et en leur apprenant les valeurs humaines et la citoyenneté active ». il s’agit donc de tout un projet civique et intellectuel.

         Mais les enseignants sont-ils au fait de ces finalités didactiques ? Certainement pas, puisqu’il est toujours question, avec les inspecteurs, de « lourdeurs de programmes, d’échéances pour les terminer, de contenus à enseigner » en rapport avec un type d’évaluation axé sur la restitution de savoirs…

         Sans s’attarder sur la lecture critique des pratiques traditionnelles ou des coutumes liées à l’enseignement de l’histoire scolaire au collège, le candidat essaye, dans ce travail, de proposer comment construire chez les élèves la conception et l’intelligence du temps historique ; comment maîtriser  la conscience historique à travers l’articulation des trois temps (passé/présent/futur) ?

        Cependant, du type de la pratique enseignante et du degré de compétence dépend l’assimilation ou non du savoir historique. Autrement dit, du type d’enseignement de l’histoire dépend le type de son appropriation. S’agit-il d’une matière à mémoriser ou d’une matière à penser (critique) ? C’est une dialectique, entre deux compétences, qui s’impose : compétence à enseigner et compétence à penser. L’une engage l’autre.

        Les élèves du niveau de collège sont bien aptes, d’après des études psychopédagogiques connues, à saisir les modes de pensée historiques en classe. Tout dépend donc de « nouvelles » coutumes instaurer chez les enseignants.

Cette constatation forme l’une des composantes de l’hypothèse principale avancée par le candidat, selon laquelle « l’enseignement de l’histoire au collège (tel qu’il est pratiqué en Tunisie) est mal adapté pour amener les élèves à acquérir une conscience historique » et un esprit critique les prédestinant à jouer leur rôle de futurs citoyens.

Quels sont donc les objectifs et les attentes déclarés de ce travail ?

D’après le candidat Mabrouk Arfaoui, il s’agit de savoir comment réduire l’écart entre les objectifs explicites mentionnés clairement dans les textes officiels de 2002 et 2006 et les pratiques réelles de classe d’histoire au collège pour améliorer la qualité de formation des élèves. Pour cela, bien connaître le profil de formation des enseignants ainsi que l’effet des interventions didactiques en classe  permettrait d’évaluer le niveau de conscience historique chez les élèves et y agir pour le développer.

Ce travail permettrait ou contribuerait également à amener les enseignants d’histoire à réfléchir sur leurs pratiques de classe et à suivre des stratégies aidant les élèves à développer une conscience historique assimilant les fonctions épistémologiques de l’histoire. Il s’agit aussi de sensibiliser les inspecteurs d’histoire à s’ouvrir davantage sur l’épistémologie de la didactique de la discipline et surtout à accorder l’importance méritée à l’application des textes officiels ainsi que des instructions qui les accompagnent.

Quels sont les résultats auxquels ce travail a abouti ?
Une série de déductions méritent ici de retenir notre attention. Il s’agit des réalités suivantes présentant des carences au niveau du processus de l’enseignement/apprentissage de l’histoire au collège ainsi que de suggestions conduisant à y remédier. Il s’agit des résultats suivants :
1 – la majorité des enseignants ignore l’objet même des Instructions Officielles ainsi que les finalités de l’enseignement de l’histoire (outre l’inculcation d’un savoir à mémoriser). Il y a donc une absence du raisonnement et de la pensée critique.
2 – l’enquête a révélé que l’enseignement de l’histoire, tel qu’il est pratiqué, est inadapté au développement de la conscience historique chez les élèves, parce qu’il n’apprend pas à raisonner.
         3 – la nature des pratiques enseignantes dépend du type de la formation reçue à l’université et hors d’elle (encadrement pédagogique et didactique) et non de l’expérience de classe. En effet, c’est l’épistémologie et la didactique qui permettent  aux élèves d’apprendre à raisonner le savoir et non l’expérience pédagogique en elle-même qui se rapporte à la situation de classe et ne touche pas fondamentalement aux mécanismes de la gestion des connaissances.
         4 – la majorité des enseignants affirment n’avoir jamais reçu une quelconque formation pour appliquer les nouveaux programmes.
       5 – le problème de l’enseignement de l’histoire n’est pas seulement dans « le quoi enseigner », mais surtout dans le « comment enseigner ».
         6 – les résultats obtenus confirment l’urgence de repenser le système d’évaluation centré sur la restitution des savoirs, plutôt que sur le raisonnement et la critique, conformément aux visées des programmes et des Instructions Officielles.

   Ce travail aurait mérité enfin d’avoir pour horizon, la piste de recherche suivante à explorer en thèse : « Didactique de l’histoire & Évaluation des connaissances (au lycée ou collège): quel déterminisme de postures pour l’acquisition d’une conscience historienne ? »




Compte-rendu de soutenance de mémoire
 de Mastère de recherche en Didactique de l’histoire
______________


Sujet : L’enseignement/apprentissage en histoire au 1er cycle de l’enseignement de Base en Tunisie

Candidat : Mohamed Taïeb
Directeur de recherche : Pr Mokhtar Ayachi
Lieu : Institut Sup. de l’Education & de la Formation Continue (Univ. Virtuelle de Tunis)
Date : 28 Septembre 2017
Mention :Très Bien 

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            Ce mémoire, ayant pour réflexion l’enseignement/apprentissage du savoir historique au niveau de l’enseignement primaire (dans le cadre du « manuel des matières sociales ») et des programmes officiels qui s’y rapportent, comprend trois parties en un volume de 203 p.

       - la première partie est réservée à l’état des lieux de l’enseignement des matières sociales à l’école primaire où il y a un aperçu général sur l’enseignement/apprentissage des matières citées prévu dans les programmes officiels et une analyse à propos de l’écart entre les orientations du programme officiel et la réalité de l’enseignement de l’histoire à l’école primaire.

        - la seconde partie du mémoire est consacrée à l’appréciation des travaux scientifiques antérieurs traitant de l’enseignement de l’histoire à l’école élémentaire ainsi que de la pratique de l’apprentissage de cette matière.

            Enfin, une troisième partie constitue le cadre empirique de la recherche traitant des paramètres de l’enquête de terrain ainsi que de l’analyse et de l’interprétation des résultats. Une bibliographie bien fournie de 7 p. et une vingtaine d’annexes reproduisant des document ayant servi à l’analyse empirique viennent consolider la structure du mémoire.

            Quelle est, en fait, la problématique de ce travail ?
            Le candidat souligne dès le début, en introduisant l’axe central de sa recherche, que « la matière historique étant considérée comme une matière d’importance majeure dans le développement des compétences sociales et civiques, s’est vue accorder une place primordiale dans la nouvelle approche par compétences introduite par la loi d’Orientation de Juillet 2002 relative à la dernière réforme du système scolaire ».

            Autrement dit, le rôle de l’enseignant ne doit plus se limiter à un simple transmetteur de connaissances historiques, mais plutôt devenir l’accompagnateur aidant l’élève, en tant que futur citoyen, à développer ses compétences de base en matière historique. C’est à l’analyse de la réalité de l’enseignement/apprentissage du savoir historique, au niveau du cycle primaire (afin d’évaluer le degré de compétence des élèves à se l’approprier), que cette réflexion est dédiée.

            Justifiant son choix du thème de la recherche, le candidat souligne que l’enseignement de l’histoire est à la base de la socialisation de l’élève et est chargé de finalités civiques qui méritent d’être connues ; or la réalité ou la situation de l’enseignement primaire en histoire est critique, vu la conception des enseignants eux-mêmes ainsi que la place marginale qu’occupe cette matière et dans les cursus scolaires et dans l’emploi du temps.

            La question qui se pose est, en fait, la suivante : voulons-nous réellement former de futurs citoyens ou plutôt reproduire des petits sujets. Les ambitions affichées dans les textes officiels ne sont pas respectées dans la pratique de l’enseignement/apprentissage. Les conditions d’enseignement ainsi que la hiérarchie même accordée à d’autres disciplines au détriment des matières sociales, laissent perplexe l’observateur critique.

            La question de formation du personnel enseignant ainsi que le manque de spécialisation seraient aussi à l’origine des carences relevées par les évaluations internationales « TIMS » du système scolaire national au cours de ces dernières années. En effet, les résultats de ces évaluations auxquelles la Tunisie participait (au niveau de l’enseignement primaire) depuis le début des années 2002/2003 ont classé notre système éducatif national dans les derniers rangs de la quarantaine de pays participants, vu que nos élèves ne sont pas préparés à réfléchir aux contenus qui leur sont soumis.

            La médiocrité des résultats observés pointe du doigt la persistance de la méthode transmissive suivie dans l’enseignement primaire. On n’éveille pas la capacité ou la compétence de réflexion chez l’élève, on le gave de connaissances souvent inutiles dans la vie, de connaissances d’ailleurs non appropriées, parce que non assimilées.

Quant aux objectifs de cette recherche explorant les pratiques en cours d’histoire au niveau de l’enseignement primaire, ils concernent la description et l’analyse des pratiques d’enseignement en focalisant sur la place qu’occupe l’élève dans le processus de reconstruction du savoir historique ainsi que sur la posture des enseignants eux-mêmes dans ce processus.

Les attentes déclarées d’une telle recherche, d’après le candidat lui-même exerçant le métier faisant objet du corpus étudié et du présent paradigme, est d’amener les décideurs au niveau des programmes scolaires à faciliter la tâche des enseignants en explicitant la démarche méthodologique répondant aux objectifs déclarés. Une ouverture des enseignants sur le « b.a.-ba » de l’épistémologie et de la didactique des matières sociales, plus précisément l’histoire, en cours du primaire est indispensable grâce à l’action formative des inspecteurs d’enseignement, en vue de pallier les « oublis » des cursus universitaires.

            Pour mener à bien sa réflexion, le candidat mobilise trois hypothèses principales : les deux premières concernent et le profil de formation des enseignants et leur propre conception de la matière dispensée (qui en découle d’ailleurs). La dernière hypothèse se rapporte au type d’enseignement transmissif de savoirs crus (pratiqué en déconnexion des centres d’intérêts de l’élève) qui ne favoriserait pas l’appropriation des connaissances par les jeunes apprenants et qui compromet leur formation en tant que futurs citoyens.

Au niveau des outils d’analyse, les concepts privilégiés sont les suivants : pratique enseignante, processus enseignement/apprentissage, discipline historique, assimilation des valeurs citoyennes. Une enquête de terrain est également menée pour vérifier le degré de plausibilité ou la relativité des hypothèses énoncées.

            Quelles sont, enfin, les résultats auxquels ce travail a abouti ?

            Les résultats des enquêtes de terrain ont mis en évidence combien les interventions en classe des enseignants sont axées plutôt sur les contenus de l’ordre des savoirs déclaratifs, plutôt qu’elles ne s’intéressent à l’élève lui-même, appelé à mémoriser au lieu de réfléchir. L’écart est grand entre les objectifs déclarés des programmes officiels et la pratique d’enseignement en cours d’histoire. Ceci rappelle, malheureusement, l’adage arabe de « celui qui est dépourvu de quelque chose, ne peut, par conséquent, le communiquer ».

Grâce à l’usage des observations de classes, assurées par le candidat et en plus de la technique des enquêtes, il est apparu clairement que la « centralité de l’élève dans l’opération éducative» (التلميذ محور العملية التربوية), évoquée dans les textes officiels, n’est, en réalité,  que théorique en classe. L’assimilation ou l’appropriation des connaissances historiques est tributaire d’un certain nombre de conditions dont :

- une formation moderne des enseignants, ouverte sur la didactique des disciplines,
- une révision de la hiérarchie (horaires, coefficients, etc) des disciplines enseignées,
- une intégration, dans les activités pédagogiques et dans les manuels, d’habiletés d’ordre de savoir-faire et de savoir être, en plus des savoirs tout court.

            Cette approche du « processus enseignement/apprentissage », au niveau de l’enseignement primaire particulièrement, implique - loin de l’usage du tableau noir et de la copie du cours transcrit ou dicté - la mobilisation de supports modernes numériques, tels que les films ou vidéos, les BD ainsi que la multiplication des sorties hors classes pour visiter des sites historiques, des musées, etc… pour aller, enfin, « à la rencontre de l’histoire. Ce thème, formant le titre d’un ouvrage de la didacticienne d’histoire Nicole Lautier[1] pourrait, d’ailleurs, inspirer le candidat dans ses perspectives de recherche post Mastère.




[1] Lautier Nicole, A la rencontre de l’Histoire, Paris : Presse universitaires de Septentrion, 1997, 244 p.

Compte-rendu de soutenance de mémoire
 de Mastère de recherche en Didactique de l’histoire
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Sujet : تمثّلات تلاميذ المدارس الابتدائية لمادة التاريخ: الرواية والزمن والمجال

Candidate : Khamissa Henchiri
Directeur de recherche : Pr Mokhtar Ayachi
Lieu : Institut Sup. de l’Education & de la Formation Continue (Univ. Virtuelle de Tunis)
Date : 28 Septembre 2017
Mention : Bien 


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يمثل موضوع هذه المذكرة حول "تمثلات تلاميذ المدارس الابتدائية بالنسبة للرواية والزمن والمجال" في التعامل مع المادة التاريخية، محاولة طريفة للوقوف على وضع تدريس هذا المجال المعرفي بالتعليم الابتدائي.
يحتوي هذا العمل، من فئة 168 ص (منها 40 من الملاحق والفهارس) على 3 أجزاء أو أقسام :

- القسم الأول وبه التشخيص الميداني لواقع تدريس مادة التاريخ بالأقسام النهائيّة للتعليم الابتدائي ويتناول موقع مادة التاريخ من المواد الاجتماعية الأخرى المدرّسة في مستوى مجال التنشئة الاجتماعية حسب البرامج المدرسية الرسمية وكتاب التلميذ. كما يتناول هذا القسم محتوى وأهداف هذه المادة المدرسة بالتعليم الابتدائي (القسم الخامس والسادس)

كما تم التركيز كذلك على واقع الهوة بين التوجهات الرسمية التربوية والممارسات الميدانية داخل الفصل والتي تتجاهل التمثلات الاجتماعية للتلاميذ حول المادة المدرسة ويضاف أيضا كثافة المادة وهيمنة المقاربة الكرونولوجية السردية مع عدم تخصص المدرس وتهميش سلطة الإشراف للمعرفة التاريخية بجداول أوقات التدريس.

- يحتوي القسم الثاني للبحث على الإطار النظري للمعرفة العالمة أو ما وصلت اليه البحوث المختصة في هذا المجال للتمثلات التلمذية لمادة التاريخ بمستوى التعليم الابتدائي. كما يتناول هذا القسم تحديد المصطلحات المستعملة بالبحث وأهمية التّمثلات بالعملية التعلّيميّة/التعلميّة من خلال التوجّهات التربويّة الحديثة.

- يعالج القسم الثالث بالبحث الميداني الفرضيات المعلنة ببداية العمل معالجة تحليلية للوقوف على نتائجها، مرورا بمعطيات البحث وظروف اعداده بالتركيز على موضوع تمثلات التلميذ للزمن والرواية والمجال الجغرافي–التاريخي. وقد أثبتت هذه المقاربة الميدانية والملاحظة أو المرافقة الفصلية المعتمدة من طرف الباحثة المترشحة جملة من النتائج تم الإعلان عنها تباعا بخاتمة البحث.

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              بررت الطالبة الباحثة اختيار موضوع عملها بجملة من الملاحظات أهمّها :
- اثبات الدراسات النفسية والتربوية أن تلاميذ الأقسام الابتدائية يأتون للمدرسة محملين بتمثلاتهم الاجتماعية حول التاريخ بمكوناته الثلاث: الرواية والزمن والمجال وأن مادة التاريخ بها العديد من المصطلحات يصعب استيعابها من قبل طفل دون 12 سنة،
- كثافة المادة المبرمجة وامتدادها على فترة من الزمن الطويل جدا تبدأ من 8.000 سنة قبل الميلاد... فالموضوع هذا يتجاوز دراسة التاريخ الى فترة "ما قبل التاريخ"،
-  كيف يقبل ذهن تلميذ العشر سنوات و12 سنة مثل هذا الزخم من المعطيات التاريخية المجردة عبر زمن يصعب تمثّله حتى من طرف الكهول من خارج أصحاب الاختصاص.
 -  ان الأساليب والطرق المتّبعة في تدريس هذه المادة، والتي لازالت تقليدية في جانب كبير منها، لا تساعد الأطفال على بناء معارفهم.

                كل هذه المعطيات تمثل حواجز تعلمية تحول دون تملك التلاميذ لمعارف تاريخية  موضوعية وتجعلهم تابعين لتمثلات ذات الأشكال الجاهزة التي تروّج لها البيئة الاجتماعية والأسريّة تحت تأثير الثقافة الاستهلاكية التي تبثها وسائل الإعلام...

                فمن أجل النهوض بمواد التنشئة الاجتماعية التي تصنع المواطنة، تحاول هذه الدراسة الكشف عن طبيعة تلك التمثلات التلمذية حول الرواية والزمن والمجال بهدف مساعدة تلاميذ المرحلة الابتدائية على فهم الحاضر واستشراف المستقبل. وبالعودة الى البرامج الرسمية والكتب المدرسية نجد أن الأهداف التي رسمت لتدريس مادة التاريخ في المرحلة الابتدائية تأكد على كفايات الفهم والنقد وبناء المواقف المعللة. لكن من خلال تفحص التقييمات والاختبارات تبيّن عدم بلوغ المقاصد المعلنة لصعوبة فهم التلاميذ للمصطلحات التاريخية وسيطرة تمثلاتهم الذاتيّة على كتاباتهم.

- فما هي طبيعة هذه التمثلات وعلاقتها بالخرافة والأسطورة ؟
- وهل يستطيع تلميذ الابتدائي استيعاب مختلف الحقب التاريخية من فترة ما قبل التاريخ الى نهاية القرن العشرين من دون حتى التركيز على عامل "الاستمرارية الزمنيّة" ؟
- وهل تولي برامج التنشئة الاجتماعية، ومادة التاريخ بشكل خاص، الاهتمام بملكة الفكر وإعلاء سلطان العقل على سلطان النقل ؟
- هل تساهم بطريقتها في تكوين مواطن المستقبل، بصفته محور "العمليّة التربويّة" ؟

             لكن، مع الأسف، لم تعبّر كل فرضيات العمل بصفة مباشرة على اشكالية البحث، بل تناولت مواضيع نسبيا بديهية من نوع :
- الفرضية الأولى: التمثلات الاجتماعية لتلاميذ المرحلة الابتدائية تؤثر في فهمهم للتاريخ بمكوناته الثلاث : الرواية والزمن والمجال،
- الفرضية الثانية : التمثلات الاجتماعية لتلاميذ المرحلة الابتدائية المتشبّعة بالأسطورة والموروث العربي الإسلامي تؤثّر في فهمهم للتاريخ،
- الفرضية الثالثة : الممارسات الميدانية خارج الفصل لها لها تأثير في تملك التلاميذ لعديد المهارات الفكرية والذهنية لفهم التاريخ. بينما تتناول الفرضية، في الواقع، تأكيدات وقتيّة ذات طرافة علميّة.

                         فما هي اذن أهم النتائج التي توصل اليها هذا العمل ؟

1 – هنالك هوة كبيرة بين انتظارات البرامج الرسميّة من تدريس التاريخ وواقع تدريس تلك المادة فعليا،
2 – هنالك جزء هام من التلاميذ يعتبرون التاريخ مادة جيّدة ومفيدة للتثقيف والمطالعة، لكن هذا الوعي ظل سطحيا عند أغلبهم في ظل منهجية تدريس تلقينيّة لا توقظ عندهم الفكر النقدي الذي يمكن أن يساعد على التمييز بين الخرافة والأسطورة والتاريخ،
3 – ان التاريخ عند تلاميذ الابتدائي هو عبارة عن روايات متقطعة بدون رابط بين مختلف الفترات في تحقيبهم الزمني (غياب الاستمرارية الزمنية) نظرا لتأثير الأسطورة والتصورات الاجتماعية لديهم والتي يعتبرون أو يعتقدون أنها حقيقة مطلقة،
4 – استمرار اعتماد المدرسين للدّرس التّلقيني لتمرير أكثر عدد ممكن من المعلومات التاريخيّة،
5 – ظلّت الوسائل البيداغوجية المعتمدة داخل الفصل تقليدية تتمثل في الكتاب المدرسي والسبّورة وبعض الخرائط القديمة (ان وجدت) في غياب استعمال الوسائط الرقميّة أو القيام بالزيارات الميدانية. هكذا بقيت المعرفة التاريخية هزيلة أمام رسوخ التمثلات الاجتماعية للتلاميذ الذي يعتبر أغلبهم أن الفترة التاريخية قبل انتشار الإسلام في تونس (أو افريقية) هي فترة "الجاهلية" رغم غياب هذا المصطلح في الكتاب المدرسي أو البرامج المدرسية.

           أما الإنتظارات التعلّمية لهذا العمل الذي يهدف الى المساهمة في النهوض بواقع تدريس مادة التاريخ بالمدرسة الابتدائية فتتمثّل في :

            - اقتراح تكوين متاحف مدرسية مثلما كان موجودا في فترة تاريخية سابقة قبل وبعد الاستقلال، نظرا لمدى تأثيرها على الأطفال في بناء الإشارات (repères) التاريخية عندهم عبر جمع الشواهد المختلفة...
            - تفعيل الزيارات الميدانية التي نصّت عليها البرامج الرسميّة كرافد أساسي في عملية التعليم والتعلّم،
          - تنظيم حلقات تكوينيّة ودروس شاهدة خاصة بمادة التاريخ للرفع بواقع التكوين عند المعلمين،
          - مراجعة الكتاب المدرسي للحد من زخم المعلومات ومن طول الفترة الزمنية المدروسة مع تعديل البرامج الرسمية،
         - استثمار التمثّلات الاجتماعية في بناء معرفة تاريخية علمية بالاعتماد على منهجية تهدف الى استجلاء حقيقة الماضي لفهم الحاضر ولما لا لاستشراف المستقبل في اطار الاستمرارية الزمنية وليس مجرد تمجيد الأجداد في غياب أي مشروع مجتمعي.

            فأين حقيقة هذا العمل من كل الملاحظات الواردة آنفا، أي علاقة للفرضيات المعلنة بالاتجاهات التي أخذها البحث (يمينا وشمالا)، عوض التركيز فقط على تمثّلات الزمن والرواية والمجال لدى التلاميذ  مثلما هو معلن بالعنوان وكيف كان ذلك يمثل حواجز تعلّميّة في التعامل مع التّصرف في المادة التاريخية وتملّكها.

            هنالك العديد من الملاحظات الأخرى ومن أهمها :
            - محدودية المراجع المختصة الواردة بالعمل،
            - لم يتم احترام ترتيب المراجع حسب المنهجية المعتمدة بالبحوث الأكاديمية،
            - لم تأت الصور المرفقة بالملاحق واضحة أو بالألوان حتى تكون أكثر تعبيرا،
            - لا توجد آفاق بخاتمة العمل تعلن عن تواصل التفكير في مشروع البحث.