Compte-rendu de soutenance de mémoire
de Mastère de recherche en Didactique de l’histoire
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Sujet : L’enseignement/apprentissage en histoire au 1er cycle de
l’enseignement de Base en Tunisie
Candidat : Mohamed Taïeb
Directeur de recherche : Pr Mokhtar Ayachi
Lieu : Institut Sup. de l’Education & de la Formation Continue (Univ.
Virtuelle de Tunis)
Date : 28 Septembre 2017
Mention :Très Bien
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Ce
mémoire, ayant pour réflexion l’enseignement/apprentissage du savoir historique
au niveau de l’enseignement primaire (dans le cadre du « manuel des
matières sociales ») et des programmes officiels qui s’y rapportent,
comprend trois parties en un volume de 203 p.
- la
première partie est réservée à l’état des lieux de l’enseignement des matières
sociales à l’école primaire où il y a un aperçu général sur
l’enseignement/apprentissage des matières citées prévu dans les programmes
officiels et une analyse à propos de l’écart entre les orientations du
programme officiel et la réalité de l’enseignement de l’histoire à l’école
primaire.
- la
seconde partie du mémoire est consacrée à l’appréciation des travaux
scientifiques antérieurs traitant de l’enseignement de l’histoire à l’école
élémentaire ainsi que de la pratique de l’apprentissage de cette matière.
Enfin,
une troisième partie constitue le cadre empirique de la recherche traitant des
paramètres de l’enquête de terrain ainsi que de l’analyse et de
l’interprétation des résultats. Une bibliographie bien fournie de 7 p. et une
vingtaine d’annexes reproduisant des document ayant servi à l’analyse empirique
viennent consolider la structure du mémoire.
Quelle
est, en fait, la problématique de ce travail ?
Le
candidat souligne dès le début, en introduisant l’axe central de sa recherche,
que « la matière historique étant considérée comme une matière
d’importance majeure dans le développement des compétences sociales et
civiques, s’est vue accorder une place primordiale dans la nouvelle approche
par compétences introduite par la loi d’Orientation de Juillet 2002 relative à
la dernière réforme du système scolaire ».
Autrement dit, le rôle de l’enseignant ne doit plus se limiter à un simple
transmetteur de connaissances historiques, mais plutôt devenir l’accompagnateur
aidant l’élève, en tant que futur citoyen, à développer ses compétences de base
en matière historique. C’est à l’analyse de la réalité de
l’enseignement/apprentissage du savoir historique, au niveau du cycle primaire
(afin d’évaluer le degré de compétence des élèves à se l’approprier), que cette
réflexion est dédiée.
Justifiant son choix du thème de la recherche, le candidat souligne que
l’enseignement de l’histoire est à la base de la socialisation de l’élève et
est chargé de finalités civiques qui méritent d’être connues ; or la
réalité ou la situation de l’enseignement primaire en histoire est critique, vu
la conception des enseignants eux-mêmes ainsi que la place marginale qu’occupe
cette matière et dans les cursus scolaires et dans l’emploi du temps.
La
question qui se pose est, en fait, la suivante : voulons-nous
réellement former de futurs citoyens ou plutôt reproduire des petits sujets. Les
ambitions affichées dans les textes officiels ne sont pas respectées dans la
pratique de l’enseignement/apprentissage. Les conditions d’enseignement
ainsi que la hiérarchie même accordée à d’autres disciplines au détriment des
matières sociales, laissent perplexe l’observateur critique.
La question de formation du personnel
enseignant ainsi que le manque de spécialisation seraient aussi à l’origine des
carences relevées par les évaluations internationales « TIMS » du
système scolaire national au cours de ces dernières années. En effet, les
résultats de ces évaluations auxquelles la Tunisie participait (au niveau de
l’enseignement primaire) depuis le début des années 2002/2003 ont classé notre
système éducatif national dans les derniers rangs de la quarantaine de pays
participants, vu que nos élèves ne sont pas préparés à réfléchir aux
contenus qui leur sont soumis.
La
médiocrité des résultats observés pointe du doigt la persistance de la méthode
transmissive suivie dans l’enseignement primaire. On n’éveille
pas la capacité ou la compétence de réflexion chez l’élève, on le gave de
connaissances souvent inutiles dans la vie, de connaissances d’ailleurs non
appropriées, parce que non assimilées.
Quant aux objectifs de cette recherche explorant les pratiques en cours
d’histoire au niveau de l’enseignement primaire, ils concernent la description
et l’analyse des pratiques d’enseignement en focalisant sur la place qu’occupe
l’élève dans le processus de reconstruction du savoir historique ainsi que sur
la posture des enseignants eux-mêmes dans ce processus.
Les attentes déclarées d’une telle recherche, d’après le candidat lui-même
exerçant le métier faisant objet du corpus étudié et du présent paradigme, est
d’amener les décideurs au niveau des programmes scolaires à faciliter la tâche
des enseignants en explicitant la démarche méthodologique répondant aux
objectifs déclarés. Une ouverture des enseignants sur le « b.a.-ba »
de l’épistémologie et de la didactique des matières sociales, plus précisément
l’histoire, en cours du primaire est indispensable grâce à l’action formative
des inspecteurs d’enseignement, en vue de pallier les « oublis »
des cursus universitaires.
Pour
mener à bien sa réflexion, le candidat mobilise trois hypothèses
principales : les deux premières concernent et le profil de formation des
enseignants et leur propre conception de la matière dispensée (qui en découle
d’ailleurs). La dernière hypothèse se rapporte au type d’enseignement
transmissif de savoirs crus (pratiqué en déconnexion des centres d’intérêts de
l’élève) qui ne favoriserait pas l’appropriation des connaissances par les
jeunes apprenants et qui compromet leur formation en tant que futurs citoyens.
Au niveau des outils d’analyse, les concepts privilégiés sont les
suivants : pratique enseignante, processus
enseignement/apprentissage, discipline historique, assimilation des valeurs
citoyennes. Une enquête de terrain est également menée pour vérifier le
degré de plausibilité ou la relativité des hypothèses énoncées.
Quelles
sont, enfin, les résultats auxquels ce travail a abouti ?
Les résultats des enquêtes de terrain ont
mis en évidence combien les interventions en classe des enseignants sont axées
plutôt sur les contenus de l’ordre des savoirs déclaratifs, plutôt qu’elles ne
s’intéressent à l’élève lui-même, appelé à mémoriser au lieu de réfléchir.
L’écart est grand entre les objectifs déclarés des programmes officiels et la
pratique d’enseignement en cours d’histoire. Ceci rappelle, malheureusement,
l’adage arabe de « celui qui est dépourvu de quelque chose, ne
peut, par conséquent, le communiquer ».
Grâce à l’usage des observations de classes, assurées par le candidat et en
plus de la technique des enquêtes, il est apparu clairement que la « centralité
de l’élève dans l’opération éducative» (التلميذ
محور العملية التربوية),
évoquée dans les textes officiels, n’est, en réalité, que théorique
en classe. L’assimilation ou l’appropriation des connaissances historiques
est tributaire d’un certain nombre de conditions dont :
- une formation moderne des enseignants, ouverte sur la didactique des
disciplines,
- une révision de la hiérarchie (horaires, coefficients, etc) des
disciplines enseignées,
- une intégration, dans les activités pédagogiques et dans les manuels,
d’habiletés d’ordre de savoir-faire et de savoir être, en plus des savoirs tout
court.
Cette
approche du « processus enseignement/apprentissage », au niveau de
l’enseignement primaire particulièrement, implique - loin de l’usage du tableau
noir et de la copie du cours transcrit ou dicté - la mobilisation de
supports modernes numériques, tels que les films ou vidéos, les BD ainsi que la
multiplication des sorties hors classes pour visiter des sites historiques, des
musées, etc… pour aller, enfin, « à la rencontre de
l’histoire. Ce thème, formant le titre d’un ouvrage de la
didacticienne d’histoire Nicole Lautier[1] pourrait, d’ailleurs, inspirer le candidat dans ses perspectives de
recherche post Mastère.
[1] Lautier Nicole, A la rencontre de
l’Histoire, Paris : Presse universitaires de Septentrion, 1997, 244 p.
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