Compte-rendu de
soutenance de thèse en
Didactique de l’Histoire
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Etudiante : Mariem Et-Turki
Titre de la thèse : « l’Identité
spatiale tunisienne à travers les trois réformes du système éducatif (1958,
1991 et 2002) »
Date et lieu de soutenance :
8 juin 2017 à l’Institut Supérieur de l’Education & de la Formation
Continue (ISEFC - Université Virtuelle) – Tunis
Directeur de Recherche :
Pr Mokhtar AYACHI
Mariem
Et-Turki est professeure d’enseignement secondaire (PES) qui a une expérience
de la classe de plus de 25 ans. Le thème qu’elle traite ici ainsi que le corpus
mobilisé lui sont très familiers. Elle nous livre donc le produit d’une
observation et d’une pratique didactique vécue au quotidien professionnel dans
la durée.
La
candidate est le genre de l’élève appliquée et assidue, très émotive même. Elle
reproduit, en quelque sorte, la posture ou le profil de l’élève modèle qu’elle
souhaite sans doute avoir devant elle en classe. Ancienne
étudiante de l’ISEFC que j’ai eue pratiquement en permanence dans mes cours
d’épistémologie et de didactique de l’histoire, pratiquement depuis une
décennie, entre la 1ère année Mastère, l’encadrement et la
soutenance de son mémoire en avril 2011 et enfin en thèse par la suite.
Professeure
d’Histoire-Géo, elle se place à l’intersection de ces deux disciplines jumelles
qui étudient, se partagent, voire se disputent l’homme en société dans le temps
et dans l’étendue de l’espace. Sa relation avec l’espace tunisien précisément
(en partant du haut de la carte géographique de la Tunisie, de Bizerte où elle
réside) est devenue intime. En effet, déjà le sujet de son Mastère s’intitule
ainsi: « Construction historique de l’espace tunisien dans le
manuel d’histoire au collège : attentes épistémologiques et pratiques
didactiques ».
Le référentiel historique concernant l’espace
national est donc repris ici dans une dimension plus grande d’une thèse
traitant de l’identité tunisienne. Le corpus dépasse le cadre du manuel pour
embrasser le projet de société de la Tunisie indépendante dans son évolution au
cours de trois moments historiques : 1958, 1991 et 2002.
Comment
se dégage donc les contours de l’identité spatiale nationale, à travers les
trois textes législatifs définissant les orientations ou le cadre juridique de
la question identitaire au niveau du système éducatif tunisien ? C’est ce
que tente de montrer magistralement la candidate dans son travail.
Celui-ci,
composé de 339 p, comprend 220 p de texte relatif au sujet directement (annexes
et bibliographie mises à part). Trois parties, dont deux d’égale importance,
forment la structure de la thèse. Il s’agit dans l’ordre de :
1 – Lecture critique de l’état des lieux
de l’enseignement de l’identité spatiale nationale dans le cycle de
l’enseignement du second degré. Il s’agit du diagnostic de ce que les
programmes et les manuels scolaires réservent à la question, objet d’étude
présenté en tant que « situation problème » légitimant la
raison de la recherche.
2 – L’appréciation de la recherche
scientifique en rapport avec la question de l’identité spatiale. Il s’agit ici
de la « visite du savoir savant » par une sorte de revue de
lecture de travaux antérieurs. Au niveau quantitatif, cette deuxième partie se
situe en deçà des deux autres (la précédente et la suivante) et mériterait
davantage de développement.
3 – Enfin, une troisième partie est
réservée au rapport empirique scolaire à l’identité et à l’espace. Y sont
exposés les outils de la recherche de terrain concernant le choix de la
population enquêtée, les lieux de l’enquête ainsi que son déroulement. Cette
dernière partie est réservée également à la présentation et à l’analyse des
résultats de l’enquête obtenus à travers les questionnaires-élèves, professeurs
et inspecteurs.
Ce
travail comporte également trois annexes formées de : trois exemplaires
relatifs aux trois publics ciblés de l’enquête, trois textes des lois relatives
aux trois réformes qu’a connues le système éducatif au cours des années 1958,
1991 et 2002.
Enfin,
y est joint un exemplaire des deux programmes officiels d’histoire au cycle
secondaire de 1998 et 2002. Finalement, un corpus important formé d’une riche
bibliographie bilingue est présenté d’une manière thématique et relativement
critique.
Après
cette revue plutôt descriptive du travail il faut reconnaître qu’il s’agit
d’une recherche originale menée ici par la candidate sur le concept de
l’identité spatiale de la Tunisie dans les curricula de l’enseignement
secondaire, à travers les trois réformes qu’a connues le système éducatif
national au cours des trois moments évoqués entre 1958 et 2002.
L’approche
méthodologique suivie dans le travail est caractérisée par une innovation, au
niveau de la didactique de la recherche en histoire, qui commence par dresser
un diagnostic de la « situation problème » de la recherche en
se basant sur un langage conceptuel et sur une approche analytique. Il s’agit
de la lecture critique de l’état des lieux formant la problématique (de départ)
à partir de laquelle est visité ensuite le savoir savant conduisant aux
résultats de la recherche. La partie empirique vient ainsi répondre aux
attentes et aux hypothèses de travail formulées au départ.
La
candidate constate que le concept d’identité spatiale est utilisé tout au long
de la scolarité d’une manière implicite (rarement expliqué ni dans les manuels,
ni par les enseignants ou les inspecteurs). Si l’identité tunisienne est
clairement définie, l’identité spatiale du pays ne l’est pas. Le législateur
insiste dans le texte de loi de Juillet 2002 sur les multiples sentiments
d’appartenance de la Tunisie à une civilisation millénaire aux dimensions
multiples : nationale, maghrébine, arabe, musulmane, africaine et
méditerranéenne avec une ouverture sur la civilisation universelle.
Mariem
Et-Turki a bien défendu tout au long de son travail la thèse, selon laquelle,
l’ « identité spatiale, en tant que complément indispensable aux
autres composantes culturelles et civilisationnelles, constitue un fond commun
des liens et valeurs en partage, un réel trait d’union avec l’altérité ».
Enfin,
y a-t-il un travail de recherche de doctorat sans lacunes ? Loin de là.
Les imperfections, à commencer par la saisie du texte sont certes présentes et
l’encadrement ne peut prétendre évidemment en venir à bout. Je laisse ici le
soin à l’évaluation de mes collègues membres du jury, notamment pour les
carences observées dans la partie empirique.
Cependant,
l’assiduité et la détermination de la candidate de toujours progresser dans ses
recherches sont rassurantes et l’on ne peut qu’apprécier, à mon avis,
l’originalité d’un tel travail qui vient enrichir la bibliothèque de l’ISEFC dans
les spécialités de la didactique, non seulement de l’histoire, mais également
de la géographie. D’ailleurs, la présence, parmi nous, de notre collègue géographe, Adnène
Haydar, au Jury, est fort significative.
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